Recevoir l’amour et la reconnaissance
Développer à recevoir l’importance et la valeur que les autres nous offrent par leur amour, leur reconnaissance, leur attachement, leur confiance en nous, leur complicité, les plaisirs partagés… C’est un autre moyen important pour bâtir et nourrir l’estime de soi.
Recevoir est nécessaire pour s’identifier à qui l’on est vraiment. Cela révèle et crée une empreinte profonde en soi de sa propre identité et de l’impact réel que l’on a sur les autres.
Je me souviens d’un éducateur de passage pour quelques heures seulement dans une formation que je suivais et qui m’avait dit avec une forte présence que j’avais plus de valeur que j’imaginais. Ou une formatrice qui m’avait dit qu’elle me donnait plus d’importance que je ne m’en donnais à moi-même. Des reconnaissances fortes et profondes qui ont ébranlé la petite image que j’avais de moi-même. Cela a créé le doute en moi sur le peu de valeur que je me donnais. Cela me fait de la peine de voir le peu d’estime que je m’attribuais. Et j’éprouve aussi beaucoup de gratitude pour les personnes qui voyaient ma valeur bien mieux que moi et qui me l'ont exprimée.
Recevoir c’est donné de l’importance à son ressenti dans l’ici et maintenant. D’entendre être belle, aimante, efficace, généreuse, charmante, compétente, fiable… D’être tendre, fort, doux, respectueux, viril, d’avoir un sourire accueillant… Recevoir ces reconnaissances, ces qualificatifs positifs c’est de prendre le temps pour se donner de la valeur en ressentant sur-le-champ ses sensations physiques, ses émotions et les images qui sont présentes en soi d’entendre cela.
Si la personne banalise la reconnaissance, rejette le compliment, se coupe de l’affection qu’elle reçoit, se dénigre, cela peut être juste un réflexe. Parce que la personne n’est pas habituée à prendre plaisir à être reconnue ou aimée. Recevoir c’est d’arrêter ce réflexe qui met la personne en opposition avec l’autre pour aller vers une complicité, une proximité, pour se nourrir affectivement en relation avec l’autre.
La personne peut aussi s’empêcher de recevoir de la reconnaissance ou de l’affection par réflexe à se faire du mal, à fuir le plaisir en général dans sa vie. Ce n’est pas rien ! C’est touchant de voir les efforts que la personne mettra pour s’arrêter aujourd'hui à recevoir l’amour et la reconnaissance.
Quand ce réflexe à se faire du mal se pointe, l’important c’est d’en prendre conscience, de s’apercevoir que l’on ne reçoit pas et de demander à la personne qui donne de nous donner à nouveau si elle le veut bien. C’est dans un premier temps de prendre quelques secondes pour s’arrêter à soi avant de recevoir la reconnaissance ou l’affection pour se centrer sur son ressenti, sur son état intérieur, ses sensations physiques et ses émotions. Puis de demander à la personne d’exprimer à nouveau sa reconnaissance ou son affection. Et surtout de rester à l’écoute de soi sans attente, sans se sentir redevable ou d’avoir quelque chose à faire en retour. Juste accueillir l’effet de la reconnaissance ou de l’affection en soi.
La personne peut vivre un malaise à recevoir. D’avoir sérieusement manqué de reconnaissance ou d’amour, d’avoir eu une image très négative de soi peut faire en sorte que recevoir réveille sur-le-champ la souffrance du manque passé. L’important c’est d’exprimer ses malaises et puis de faire l’effort de revenir au moment présent qui peut être nourrissant. D’exprimer son malaise et la difficulté à recevoir en ce moment puis de demander à la personne de donner à nouveau et de faire l’effort cette fois-ci de bien rester coller à ce qui est agréable en soi à recevoir.
Quand la personne s’arrête pour donner de l’importance à son vécu d’être reconnue ou aimée, elle donne du même coup de l’importance à l’autre, au cadeau que l’autre vient de lui offrir. La personne qui initialement donne de sa sensibilité, de sa reconnaissance ou de son amour se sent alors importante d’être reçue, que l’autre donne de la valeur à ce qu’elle offre. C’est bon et édifiant pour l’estime de soi des deux personnes.
Pour la personne qui donne et qui n’est pas reçue, c’est de ne pas perdre pour cela l'importance de ce qu'elle a à offrir. De ne pas perdre son élan à donner. C’est facile à dire ! Pour moi cela m'a pris des mois à ne pas perdre mon élan quand je donnais. De n’être pas reçu, j’entrais immédiatement dans une lutte de pouvoir. Tu ne me reçois pas et je ne me sens pas important alors je ne te donne plus d’importance et je vais cesser de t’offrir ma reconnaissance ! Je me vengeais en donnant moins d'importance à l'autre et en cessant de le reconnaître.
Cela m'a pris beaucoup de temps pour garder ma valeur de ma sensibilité à l'autre, pour revenir et lui exprimer à nouveau et à nouveau encore ma reconnaissance et mon affection. J’ai dû bâtir dans un premier temps mon estime de moi afin de garder la valeur de ce que j’offrais.
Cela me fait toujours plaisir et m’émeut de voir quelqu’un recevoir la reconnaissance ou l’affection d’un père, d’un ami, d’une amoureuse. C’est nourrissant pour moi d’en être témoin.
Me vient à l’instant de bons souvenirs d’avoir reçu de la très belle reconnaissance devant plusieurs dizaines de personnes. D’en être nourri et de savourer cela durant plusieurs heures. Ou sexuellement d’avoir été reconnu, aimé et apprécié dans une fluidité à donner et à recevoir qui m’amenait dans un état de grâce et de bonheur profond qui duraient des jours. Cela me touche en ce moment de ressentir à quel point c’est bon de recevoir. Cela n’a pas besoin d’être compliqué. Ça peut être tout simple.
Donner et recevoir c’est le plaisir de vivre une intimité propulsante, nourrissante et qui fortifie l’estime de soi, sa propre valeur que l’on porte solidement en soi.