Sortir du système relationnel juge/coupable
Assumer toute sa responsabilité sans attente que l’autre fasse le moindre effort
J’ai un conflit avec un voisin. On est dans le système juge/coupable et envahisseur/envahi. Il vient de faire un party sans m’avertir ce qui m’a donné une nuit assez courte. Je le juge et j’ai envie de me venger. Je le regarde avec agressivité, voire condescendance, quand je le croise. Je constate cette semaine-là que c’est vraiment rendu loin dans la tension entre nous. Cela me rend triste d’être pris là-dedans. Au même moment, j’aimerais bien invité chez moi ma nouvelle flamme mais je me sens un peu mal avec les tensions actuelles avec mon voisin. J’ai peur qu’il me juge devant elle ou que je sois envahi par un imaginaire négatif le concernant quand je vais être avec elle. Cela me rend insécure et c’est inconfortable. Mon envie d’être bien avec mon amoureuse chez moi me motive grandement à sortir de ce conflit et de ce système juge/coupable. Je suis ému présentement par mon élan à chercher à être bien chez moi.
Je décide de prendre ma pleine responsabilité. Je sais qu’il ne fera rien pour régler cela par la communication. Alors j’accueille mon côté orgueilleux d’imaginer que si je fais les premiers pas cela va nourrir en lui le fait que c’est moi qui a tord et lui qui a raison. J’ai aussi à accueillir le malaise que je vis de me responsabiliser en faisant les premiers pas. Mon malaise combine les éléments suivants :
- Difficulté à accepter de faire les premier pas avec la peur de n’être pas reçu et la peur d’être mal par la suite si mon voisin réagit agressivement avec moi quand je vais lui parler.
- Malaise d’orgueil, d’imaginer qu'il va se sentir correct et qu’il va garder son opinion fausse de la situation et probablement son jugement sur moi.
- Ressentir le malaise bien réel de sortir du système juge/coupable et envahisseur/envahi. De ressentir la souffrance d’être dans ce système avec mes besoins insatisfaits de paix, de me sentir accepté et de respect pour chercher à me créer à partir de ce malaise pour en sortir.
Cela me fait mal d’avoir de la difficulté à accepter la réalité tel qu’elle se présente loin de mon idéal de communication et d’amour entre deux personnes que je vis systématiquement dans mes relations d’amitiés.
Passer à l’action bien ancré dans son besoin de se protéger, de paix… conscient de ses peurs et sensible à soi.
Cette souffrance m’habite une bonne partie de la journée. J’accepte de souffrir sans m’en défendre. Je suis fier de moi d’avoir développé cette capacité. Mon malaise se calme un peu quand je commence à trouver la façon concrète de passer à l’action en relation avec mon voisin. De m’excuser d’avoir réagi, d’avoir dérangé leur party et de nommer mon besoin d’être averti pour le prochain party.
Le soir en arrivant chez moi, bien décidé, je vais le voir lui disant que j’ai réagi (claquer la porte en sortant, revenir la nuit en faisant du bruit…) durant le party parce que je n’avais pas été avisé et que j’avais besoin d’être averti. Il ne m’a dit grand chose mais cela a eu pour effet d’alléger les tensions entre nous deux. Et de calmer grandement mes scénarios de vengeance. Dans cette conversation, je ne l’ai pas jugé et il ne m’a pas jugé.
Rester coller à la réalité et rester coller à mes réels besoins pour ne pas glisser à nouveau dans l’orgueil
D’avoir fait les premiers pas, je restais quelque jours plus tard encore avec le ressentiment que j’avais fait tout l’ouvrage et qu’il pouvait s’imaginer que j’étais le seul responsable. C’était moi le seul coupable dans tout cela. J’avais envie de l’écoeurer un peu. Mais je me suis retenu, étant conscient que j’aurai fait cela par orgueil et que j’aurai ré-alimenté ainsi le conflit. Donc, de ne pas donner d’importance à ce qu’il pense de moi, aux jugements qu’il peut garder sur moi et de garder en priorité mon besoin bien réel de paix pour inviter mon amoureuse. Cela m’aidait à nouveau à sortir du système relationnel juge/coupable.
Tout redevient calme
Je calme mon orgueil. J’accepte dans mon imaginaire que mon voisin gagne et a raison. Graduellement, l’image que j’ai de moi redevient positive parce que je reprends ma place. Je redeviens le gardien de mon image personnelle sans me laisser définir par les autres… et ici par mon voisin. Cela me touche parce que dans cette étape j’ai besoin de sentir ma colère en moi pour m’affirmer, pour garder et nourrir l’image positive que j’ai de moi. L’image d’un homme responsable qui aime les gens et qui cherche à être bien socialement.
Gérer son envie de se venger à nouveau (ressac) à juger, à envahir. Parce que l’autre n’a pas fait sa part, n’a pas pris sa part de responsabilité.
Deux semaines plus tard revoyant mon voisin dans sa cour j’ai eu une envie d’envahir du regard ses proches, les déranger, les regarder en les jugeant intérieurement... mais j’ai réussi à me contrôler (ce que je n’avais pas fait l’année d’avant) pour juste calmer cet élan, ne pas les regarder et revenir à donner de l’importance à mes besoins et envie du moment... comme de faire mon ménage (sic) Je constate dans les jours qui suivent qu’il n’y a plus l’ombre d’une vengeance en moi.
Se reconnaître et en être fier, le partager à d’autres.
J’en parle à une amie combien je suis fier de moi, de m’être responsabilisé, d’avoir passé à l’action de façon efficace. D’avoir été calme, affirmé et sans attente de l’impact que j’aurai. Et de la paix que cela a créé en moi.
Garder une attitude à ne pas rejeter le déclencheur
Une semaine ou deux plus tard quand je croise mon voisin je lui dit bonjour même s’il ne répond pas. À la longue même assez vite, il répond par un bonjour. Cela m’aide à rester en paix, à ne pas repartir dans ma tête dans des scénarios à le juger ou à me sentir coupable. En fait, j’ai besoin de ces petits gestes parce qu’il reflète mes valeurs sociales d’être chaleureux et accueillant avec les gens... et aussi avec discernement. Bref je joue mon jeu social, ma façon d’être en contact selon mon monde à moi et je laisse l’autre libre d’agir à sa guise. J’éprouve de la joie en ce moment d’être tout simplement moi-même. Comme c’est bon !